Madame, Monsieur,

Probablement avez vous ressenti à la lecture des articles de la presse régionale sur les opposants au projet d’autoroute TOULOUSE-CASTRES, une rébellion de principe, de quelques riverains réfractaires à tout changement ou progrès, agissant pour des intérêts personnels.

Détrompez vous, tout comme vous, nous nous intéressons et impliquons dans l'activité économique de la région, en y résidant d'une part, en faisant travailler les commerçants et artisans d'autre part et en tentant d'y développer une dynamique durable et raisonnable.

Notre opposition à ce projet est tout simplement motivée par les 3 constats suivants :

• CONSTAT 1 : la solution proposée à ce jour pour répondre à la problématique du désenclavement du bassin Castres Mazamet est une autoroute concédée dont les avantages et les inconvénients n'ont pas fait à ce jour l'objet d'une étude comparative avec un aménagement des voies existantes (RN126 et RD42) initialement prévu en 2005. C'est une décision du ministre des transports (article de la dépêche du 15/11/2006).
   
• CONSTAT 2 : la démarche suivie par le ministère pour entériner ce projet ne respecte pas les étapes et procédures, et suit un calendrier qui se veut volontairement raccourci excluant toute analyse objective des autres solutions alternatives (aménagement des voies existantes entre autre !).
   
• CONSTAT 3 : il n'y a pas de concertation publique.

Tous ces éléments sont développés sur notre site http://rn126.free.fr que je vous invite à consulter. Vous y découvrirez enfin que cette autoroute n'est pas la solution à laquelle on pourrait s'attendre lorsque l'on analyse un tant soit peu le contexte.

En effet :

Elle n'est pas rentable et surdimensionnée par rapport au besoin. Le trafic sur l’axe VERFEIL-CASTRES actuel et futur est insuffisant et l'évolution démographique du secteur CASTRES-MAZAMET estimée jusqu'en 2020 par la DDE est nulle (prévisions intégrant des scenarii volontaristes), voire négative dans le pire cas (-9%).

Elle pénalise 2 fois le contribuable: la subvention d'équilibre et le péage, et les rocades actuelles de Soual et Puylaurens seront cédées au concessionnaire, alors que payées avec de l'argent public, le vôtre. Et demain ces contournements vous ne pourrez donc les emprunter qu'en payant une nouvelle fois par un péage.

Elle ne rend pas le service attendu. Elle vous amène au NE de Toulouse, alors que les pôles d'activités toulousains en relation avec Castres sont au SO (Cancéropole entre autre). Pour aller au Sud de Toulouse, au lieu d'utiliser la RN126 par FONSEGRIVES et son futur contournement, avec l'autoroute vous paierez plus de 5 euros, vous réaliserez 11km de plus, vous consommerez et polluerez plus (130km/h au lieu de 90km/h), et en final vous perdrez jusqu'à 2mn, voire plus selon l'encombrement de la rocade EST (Le gain de temps dans le meilleur des cas est de 11mn: pas d'encombrement au péage de l'union et sur la rocade Est).

Ne parlons pas des impacts environnementaux d'un nouveau tracé (un nouveau tracé induit un remembrement d'une zone d'emprise 70 fois supérieure à celle du tracé), des impacts pour les riverains (dépréciation des biens, nuisances sonores, gêne dans les petits déplacements, modification majeure de leur environnement) et les communes rurales traversées: afflux de nouveaux habitants imposant des contraintes de gestion et de structure auxquelles elles ne sont pas du tout préparées et dimensionnées (voir l'article de la dépêche DÉMOGRAPHIE. L'ARRIVÉE DE POPULATION NOUVELLE POSE DES PROBLÈMES INSOLUBLES AUX COMMUNES. LE TARN-OUEST NE PEUT ACCUEILLIR TOUT LE MONDE !).

Agir, c'est bien, mais réfléchir avant c'est mieux. Notre démarche se veut citoyenne, participative et constructive. Il n'y a pas de polémique sur notre site ou dans nos discours. On refuse simplement les choix imposés sans concertation et sans étude objective.

Et pour finir : dans toutes ces décisions, que deviennent les beaux discours de nos décideurs sur le développement durable et raisonnable ? Ces discours n'ont-ils un intérêt qu'en période électorale ?
Que penser du ministre des transports, qui, une semaine après avoir demandé le 31/01/2007 de lancer les études APS sur cette autoroute, fait l'apologie du film d'Al Gore sur le devenir de la planète, et préconise de réfléchir avec urgence sur les futurs moyens de transports et d'échange pour réduire la part importante de ce secteur dans la production des gaz à effet de serre (>30%) ?

Vous le voyez, à l'évidence, le problème n'est pas si simple.

Il ne s'agit pas d'un petit mouvement de réfractaires au progrès, qui tentent au travers d'une action collective de préserver leurs intérêts personnels. Non, il s'agit d'un investissement citoyen sur de vastes problèmes de société, l'aménagement du territoire, le développement économique et le devenir de notre environnement pour nos enfants, où les choix majeurs doivent être concertés et réfléchis, pour le bénéfice de tous.

En espérant vous avoir apporté quelques éléments de réflexion.

Bien cordialement,

L'équipe RN126.